18 juin 2021

Les papas

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Les papas

Des papas, il y en a de toutes sortes.

Ceux qui ne comptent pas les heures à jouer dehors, même sous la pluie.

Ceux qui rendent leurs enfants fiers et qu’on envie.

Ceux qui savent dire je t’aime.

Ceux qui essuient une larme en écoutant un film de Disney.

Ceux qui partent longtemps, mais qui sont présents quand ils sont là.

Ceux qui jouent des tours et qui rient très fort.

Ceux qui racontent les meilleures histoires.

Le mien, il est le pilier de ma vie.

 

L’été passé, mon père a fait 2 infarctus. Ses artères principales étaient bouchées à 80 %. Évidemment, personne ne pouvait passer le voir à l’hôpital en pleine pandémie. L’été passé, j’ai pensé perdre mon père, mais j’ai eu le plus beau des cadeaux.

À sa sortie de l’hôpital, mon père nous a convoqués mes sœurs et moi, à une réunion de famille. J’étais déjà à fleur de peau vu les circonstances. J’avais peur qu’il nous annonce qu’il lui restait quelques semaines à vivre. Il nous a plutôt dit qu’il avait eu une deuxième chance pour pouvoir nous raconter les choses qu’il ne nous avait jamais dites, partager ses réflexions de vie et répondre aux questions qu’on avait à son sujet, sur sa vie.

Ce soir-là, mes sœurs et moi avons partagé la peur immense que nous avons eue à l’idée de perdre le pilier familial. Il nous a répondu : ‘’C’est vraiment important de vous trouver d’autres piliers. Bla bla bla..’’

J’en ai d’autres piliers. J’ai la chance d’avoir des amitiés fortes qui sauront m’accueillir lorsque mon père sera mort. En attendant, je veux soutirer le maximum de ce que je peux prendre de lui. Je me suis fait une liste de questions que je n’avais jamais posées à mon père. J’avais un besoin urgent de lui poser des questions sur sa vie avant ma venue, mais je voulais aussi savoir davantage ses réflexions sur la vie, à l’aube de ses 60 ans.

Mon père, c’est celui qui peut parler des autres sans jamais qu’on en sache sur lui. Et ce, sans jamais qu’on s’en rende compte. Très jovial et très mystérieux à la fois. Pourtant, il a eu une vie rocambolesque. Parti seul en appartement à 14 ans, car ses deux parents n’étaient pas en mesure de s’occuper de lui convenablement. J’en savais très peu pour le reste.

J’ai alors décidé d’aller à la rencontre de mon père, dans son repère secret. Sa roulotte. À des dizaines de kilomètres de toutes maisons habitées. La meilleure place pour le faire parler de lui. J’ai apporté un enregistreur portable et j’ai demandé à mon père si je pouvais l’interviewer pour garder à jamais ses mémoires. S’en est suivi une discussion de plusieurs heures. Mon père m’a raconté tout ce que je ne connaissais pas de sa vie. On a ri et beaucoup pleuré. C’était incroyable.

Mon père a eu la pire des enfances. Son père pouvait faire la fameuse passe de la pinte de lait au dépanneur et disparaître pendant des semaines. Malgré ses repères absents, il a su être un père exemplaire qui prend le temps d’accompagner ses enfants à toutes les étapes importantes.

Mon père c’est le genre de père qui partait avec son bébé naissant pour une fin de semaine sans avoir besoin que ma mère soit présente.

Sa porte de chambre est toujours restée ouverte pour qu’on puisse s’y réfugier et échanger sur tous les sujets possibles. J’ai eu avec lui mes premières discussions sur la sexualité.

Mon père, c’est celui qui nous donnait l’impression qu’on était libre de faire ce qu’on voulait, mais qui nous surveillait en cachette au cas où on se ferait mal. Aujourd’hui, je me rends contre qu’il est un peu père-poule et qu’il a dû se contrôler pour pas trop nous contrôler.

Mon père c’est celui qui, encore aujourd’hui nous fait de la soupe au poulet et riz ou des crêpes... et il fait même la livraison à domicile. Il dit que c’est sa façon à lui de nous dire qu’il nous aime.

Mon père, je l’aime. Il ne me le dit pas souvent avec les vrais mots et moi non plus. Je ne sais pas pourquoi c’est si difficile de dire je t’aime entre père et fils. Je dis je t’aime à mes bons chums de gars sans difficulté pourtant. En tout cas, il y a plein de façons de manifester à nos pères qu’on les aime.

Moi, aujourd’hui, c’est en lui rendant hommage à travers ce texte qui me fait vivre plein d’émotions et plein d’admiration pour lui.

 Papa, JE T’AIME! (Même à l’écrit, c’est pas facile, c’est quétaine, c’est bllleeehh…)

2 commentaires

  • Denyse Mayano 24 juin 2021

    Un texte qui en dit sans doute autant sur l’auteur que sur le papa… Quelle plume! Mais aussi quel sujet d’inspiration! Sans modèles, Daniel a créé le moule et d’après ce qu’on peut voir, il a su le transmettre.
    La façon d’être père cependant, ça découle de l’homme qu’on est.
    La porte de chambre ouverte pour les enfants, c’est la porte de la maison ouverte pour les amis et pour tous ceux qui en ont besoin…
    Selon moi, même s’il parle peu de lui-même, Daniel est particulièrement bien percé à jour par son fils – attentif, trentenaire, père à son tour…
    Une seule réserve: Daniel serait seulement UN PEU père-poule???
    Une certitude: quand on a le privilège de vivre – de près ou de loin – dans l’entourage de Daniel, on est bousculés, sollicités, entraînés à une vie plus généreuse et plus intense. On apprend à devenir plus humain, plus compatissant, plus actif… Plus tout, en fait…
    Saluts au duo tricoté serré que la vie vous a fait l’immense cadeau de devenir – cadeau pour lequel Daniel a travaillé pas mal fort… et certainement Christian aussi, de toutes sortes de façons… Toute mon amitié, une grand merci pour cette page dédiée à un homme que j’admire et que j’aime tant. Denyse

  • Daniel ton papA 20 juin 2021

    Merci merci merci
    Ton père qui t’aime bla bla bla

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