Mon congé de paternité surprise

Mon congé parental, ça s’est passé exactement comme je ne l’avais pas prévu.

Je m’enlignais pour un bon classique de ma génération : Cinq semaines dès l’accouchement en même temps que la mère pour nous permettre de bien connecter tous les trois, un retour graduel au travail pendant la sixième semaine et laisser la maman prendre le reste du congé, tel un gentleman.

Finalement, Maude a trouvé un emploi de rêve vers la fin de sa grossesse et elle devait commencer son mandat trois mois après son accouchement! Oups. Changement de plan. On a décidé de relever le défi.

Quand Édouard est né, ma vie de travailleur autonome est devenue très intense. Les contrats rentraient en fou et j’avais beaucoup de difficulté à dire non. Bye bye les 5 semaines de congé à trois. Papa panda va encore rentrer tard ce soir. Les trois premiers mois ont passé très vite.

Lorsque ce fût mon tour de rester à la maison, je me suis retrouvé dans une tout autre routine avec un horaire au quart de tour, très (trop) détaillé des besoins de l’enfant (Maude n’ayant pas peur du tout de perdre le contrôle durant son retour au travail).

Mais voilà, on relativise différemment quand on doit s’occuper d’un autre être humain à temps plein. Ma vie avait soudainement moins d’importance, mes problèmes aussi. Quand le téléphone sonnait pour qu’on m’offre un contrat, je devais refuser en expliquant que j’étais présentement papa à la maison. Au début, j’avais peur que les clients se tournent vers d’autres personnes pour me remplacer et qu’ils ne me rappellent jamais. C’est un peu l’inverse qui s’est produit. Les clients trouvaient ça tellement cool que je prenne le congé parental, on me félicitait et on me demandait de leur refaire signe de vie lorsque mon congé serait fini.

On estimait qu’on trouverait une garderie juste à temps pour la fin de mon congé parental de six mois, puisque Maude avait inscrit Édouard dès qu’elle avait appris qu’elle était enceinte. On sous-estimait vraiment, le réseau des CPE… Finalement, Édouard est entré à la garderie à un an, à temps partiel seulement.

Je dois avouer que les trois derniers mois du congé, je commençais à être tanné de n’être qu’un donneur de soins à temps plein. J’avais besoin d’être une personne à part entière à nouveau. Qu’on ait besoin de moi pour autre chose que de changer des couches et d’avoir des conversations portant sur autre chose que le développement normal d’un bébé.  Bref, j’avais hâte de devoir mettre autre chose que ma robe de chambre, seul ensemble que j’ai porté dans la maison pendant 9 mois.

Avec la paternité une surprise n’attend pas l’autre. Quand je suis retourné au travail, je me suis rendu compte que maintenant, ça valait très cher de passer une journée avec mon gars. À présent, il fallait que les contrats soient assez payants pour que je choisisse de quitter le nid. J’ai donc commencé à négocier mes contrats autrement grâce à mon petit bonhomme. Résultat : le même salaire qu’avant, mais plus de temps de qualité en famille.

Même quatre ans plus tard, j’ai gardé cette éthique de travail. La famille s’est agrandie et je travaille en moyenne trois jours par semaine seulement pour me consacrer à mon rôle de papa, le rôle le plus important de toute ma vie, j’en ai la certitude.